La plupart des personnes ciblées par ce CAP pourront rester dans leur domicile en recevant un soutien informel de la part de membres de la famille ainsi qu’une aide complémentaire de la part de services spécialisés. Cependant, lorsque les problèmes de la personne deviennent plus complexes, la probabilité de voir un placement de la personne augmente.
Le placement en institution d’une personne est souvent l’ultime étape d’un long processus de déclin. Un déclin fonctionnel débute typiquement quand la personne commence à montrer une diminution de l’accomplissement d’activités instrumentales de la vie de tous les jours (par exemple, l’entretien du logement ou faire ses courses chez un grossiste). Pressentant que quelque chose ne va pas, la famille et les amis proches vont progressivement apporter une aide compensatoire pour ces déficiences. Ce niveau d’aide peut rester cohérent durant une longue période de temps car le déclin fonctionnel est souvent un processus remarquablement lent. Avec le temps, la personne peut expérimenter des problèmes supplémentaires dans la prise de décision de la vie quotidienne et au niveau de la mémoire et elle peut éventuellement développer une dépendance pour une ou l’autre activité de base de la vie de tous les jours (AVQ). Lorsque la personne ou ses proches remarquent une déficience, l’aide informelle augmente. La première tâche au niveau des AVQ qui nécessite un soutien est souvent l’hygiène personnelle et l’aide à l’habillement. Le début de troubles du comportement pourra ultérieurement compliquer la situation.
Bien que les personnes et leurs familles soient généralement capables de s’adapter et d’ajuster le niveau de soutien en fonction des possibilités, les besoins de la personne peuvent éventuellement excéder la capacité de soutien informel approprié. Alors, la personne ou les membres de sa famille envisagent un placement en maison de repos comme la meilleure solution. Cela peut se produire après une hospitalisation suite à un problème aigu ou à la recrudescence d’une maladie chronique récente. L’événement qui a précipité l’événement peut être une chute, une fracture, une pneumonie ou d’autres raisons provoquant une période prolongée d’inactivité ou un alitement. Selon les causes sous-jacentes et la perte d’autonomie fonctionnelle consécutive, la personne, sa famille et le personnel de soins peuvent commencer à envisager le placement en maison de repos. Cependant, pour la plupart de ces cas, une admission en maison de repos sera souvent évitée avec des interventions appropriées et une aide de la communauté.
GROUPE CIBLE. Ce groupe comprend des personnes qui présentent 4 ou plus des conditions suivantes :
Le groupe "cible" comprend 40 % des bénéficiaires de soins à domicile et 1 % des personnes âgées qui vivent de façon autonome au sein de la communauté. Environ 80 % des personnes nouvellement admises pour un séjour de longue durée rencontreront ces conditions. Pour les bénéficiaires de soins à domicile, environ 20 % du groupe « cible » seront admis dans une maison de repos au cours de l’année suivante – soit deux fois le taux des personnes qui ne font pas partie du groupe cible. Pour les personnes « ciblées » qui vivent de façon autonome au sein de la communauté, environ 30 % seront admises en maison de repos au cours de l’année suivante – environ quatre fois le taux des personnes qui ne font pas partie du groupe « cible ».
Personnes qui ne font pas partie du groupe à risque. Toutes les autres personnes font partie de ce groupe. Ce groupe compte environ 65 % des bénéficiaires de soins à domicile et 88% des personnes âgées qui vivent de façon autonome au sein de la communauté.
Résolution des problèmes activés par d’autres CAP. Pour une personne qui est considérée comme ayant un risque élevé d’être admise dans une maison de repos, l’objectif est d’identifier les problèmes qui peuvent trouver une solution au sein de la communauté. Pour une personne qui fait partie du groupe « cible » de ce CAP, envisagez les risques sous-jacents qui pourraient entrainer son admission dans une maison de repos notamment grâce à un examen des autres CAP. Les CAP qu’il faut cibler en priorité sont :
Votre première tâche est de vous assurer que le risque d’institutionnalisation est pris en compte lorsque vous concevez votre plan de soins dans les domaines cités ci-dessus. Savoir qu’une personne court le risque d’être placée dans une maison de repos devrait vous aider à vous assurer que les problèmes ont été listés.
Surveillez toute "perte" ultérieure dans un des domaines qui a été identifié dans ce CAP : les AVQ, la mémoire, la prise de décision, la communication, les chutes, le comportement ou l’incontinence.
Rôle de la famille. La plupart des personnes auront un réseau familial "raisonnable" capable de fournir un soutien progressif :
Services temporaires en cas de problèmes urgents. Quand les membres de la famille sont dans une détresse sévère à cause des nouveaux problèmes de la personne, consultez une assistante sociale ou tout professionnel approprié pour trouver des ressources de support formel et de logement. Le soutien temporaire ou permanent d’un service de soins formels peut être important pour permettre à la famille de continuer à apporter son aide. Dans d’autres situations, la personne peut devoir être institutionnalisée de façon temporaire. Cela peut être dû à l’absence de soignants à cause d’une maladie ou de leur travail, ou parce que le logement habituel de la personne n’est plus disponible. Dans ces cas, l’attention devrait être dirigée sur le motif pour lequel le placement est nécessaire et pour aider l’aidant informel à se fixer des attentes raisonnables par rapport à ses responsabilités, à son devoir et ses préférences une fois que la personne retourne à domicile.
Alternative spécialisée, "assisted living housing" américaines. Si de telles ressources sont disponibles au sein de la communauté, on peut envisager cette option. Les « assisted living housing » américaines (appartements indépendants avec accès à des services d’aide) peuvent avoir un effet significatif pour réduire la nécessité d’une institutionnalisation. Pour les personnes handicapées, y compris celles qui ont une perte cognitive et des problèmes fonctionnels légers à modérés, cette option peut être mise en place, elle permet un partenariat entre les services d’aide formels et informels pour aider la personne.
Mesures de prévention pour diminuer le risque qu’un événement n’intensifie une invalidité. Il est de plus en plus évident que des mesures liées au mode de vie et des interventions médicales peuvent réduire le risque sous-jacent de troubles cardio-vasculaire (attaque) ou la morbidité (maladie cardiaque, etc.), les chutes et un déclin ultérieur. Des actions qui visent à prévenir de tels problèmes peuvent également diminuer la probabilité ou la nécessité d’un placement en institution de la personne.
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