Ce protocole d’évaluation clinique (CAP) identifie les personnes qui ont un faible niveau d’activité physique – elles ont pratiqué moins de 2 heures d’activité physique durant les 3 jours précédant l’évaluation (en réalisant des tâches instrumentales autour de la maison, marchant ou participant à un programme d’exercices). A ce faible niveau d’activité, la plupart des personnes présentent un risque élevé de complications de santé et de déclin physique.
Les bénéfices d’un programme plus intensif d’activités physiques comprennent l’amélioration de l’endurance cardiovasculaire, une amélioration des troubles de l’humeur, une réduction du risque de chutes, un ralentissement du déclin fonctionnel et un meilleur contrôle du poids. Il est prouvé que les personnes qui s’engagent de façon régulière dans une pratique plus intense d’activités physiques comme la marche, ont un meilleur niveau du sens de l’équilibre, de la motricité et de la force dans les membres.
Les personnes fragiles qui résident en maison de repos peuvent bénéficier de programmes d’exercices ciblés, qui visent à réduire la perte des aptitudes pour les activités de la vie quotidienne (par exemple, se vêtir et marcher). Même les personnes présentant un déficit cognitif pourront bénéficier d’une augmentation de l’activité physique et comme les autres, elles participeront plus volontiers à des activités qu’elles avaient pratiquées plus tôt ou qu’elles aiment habituellement. Par exemple, les personnes qui jouent au golf, apprécieront la pratique de ce sport. Des études ont montré des bénéfices dus à des programmes de marche dans les maisons de repos, la promenade du soir pour les personnes ayant un problème de déambulation ou un programme d’exercices multi sensoriels.
Réussir un programme cohérent avec au moins une heure d’activité physique par jour peut représenter un défi. C’est pourquoi, ce CAP propose un programme progressif en quatre étapes au public visé : 1) éduquer la personne au sujet des bénéfices apportés par une augmentation de sa pratique d’activités physiques, 2) identifier la raison pour laquelle la personne n’a pas été plus active, 3) créer un programme d’activités physiques étape par étape acceptable pour la personne, et 4) encourager la personne à adopter progressivement et à poursuivre le programme d’activités physiques au cours d’une période de temps prolongée.
Des programmes de soutien des activités physiques peuvent aider la personne à développer un plan concret, cohérent avec les objectifs visés, en suivant des stratégies destinées à surmonter les obstacles. Ces obstacles sont de divers ordres : un manque d’intérêt, l’objection de proches, le manque de temps pour s’engager dans les activités, des conditions climatiques défavorables, un état de santé fluctuant, un événement inattendu lié à la santé imposant une période d’alitement ou d’inactivité, des limitations dues à un accident vasculaire cérébral, mais également des problèmes cognitifs qui limitent, soit la compréhension, soit l’aptitude à poursuivre le programme accepté. Peu importent les obstacles, l’objectif de ce CAP est d’œuvrer avec la personne pour trouver un plan d’activités physiques qui s’adapte à son style de vie.
PRINCIPAUX OBJECTIFS DES SOINS
- Augmenter le nombre d’heures d’exercices et d’activité physique.
- Prévenir la perte d’autonomie au niveau des performances pour les AIVQ, les AVQ et la mobilité.
- Développer des objectifs concrets et des stratégies pour identifier des obstacles éventuels.
- Parmi les stratégies spécifiques, considérer les éléments suivants : la participation aux travaux de la maison et aux courses, la mobilité à l’intérieur et à l’extérieur du logement, l’augmentation du périmètre de marche (ou de déplacement en fauteuil roulant) et l’augmentation de la vitesse de marche.
- Pour les personnes qui ont un niveau fonctionnel réduit, inviter la famille et l’équipe des soignants à conseiller des activités et des stratégies pour dépasser les obstacles.
L’objectif de ce CAP est d’augmenter le niveau d’activité physique des personnes âgées valides et sédentaires. Pour être efficace et approprié, le plan de soins doit prendre en compte les raisons médicales et les maladies et doit s’établir en collaboration avec le médecin traitant de la personne âgée.
GROUPE CIBLE AYANT UN POTENTIEL D’AMELIORATION. Ce sous-groupe est défini par deux facteurs :
- Premièrement, la personne pratique moins de deux heures d’activité physique sur une période de trois jours.
- Deuxièmement, la personne possède un ou plusieurs des atouts suivants :
- Elle se déplace sans aide ou conseils à l’intérieur de son domicile
- Elle monte et descend les escaliers sans aide
- Elle pense qu’elle peut être plus autonome
- Les soignants pensent que la personne peut être plus autonome
- La personne a de bonnes perspectives de se rétablir d’une maladie ou d’un problème récents
Etant donné leur capacité fonctionnelle, les personnes de ce sous-groupe ont le plus de chances de voir augmenter le nombre d’heures d’activité physique. Toutefois, seulement une petite fraction de cette population présentera une amélioration (environ 11 %) au cours d’une période de 90 jours, et l’objectif principal des soins sera d’augmenter la probabilité que cela se produise. Remarque : ce groupe comprend environ 30 % des bénéficiaires de soins à domicile, 25 % des pensionnaires en maison de repos et 15 % des personnes âgées qui vivent de façon autonome au sein de la communauté.
GROUPE NON CIBLE. Toutes les autres personnes.
- Choix personnels.
Pour promouvoir un changement du niveau d’activité physique, il est essentiel d’impliquer la personne dans le choix des objectifs et des stratégies pour les atteindre. Le but du travail des professionnels avec la personne est de :
- Faire prendre conscience à la personne des bénéfices des exercices sur la santé.
- Aider la personne à envisager pour l’avenir un style de vie où les exercices représentent une part de sa routine hebdomadaire.
- Discuter avec la personne du type d’exercices à pratiquer (comme des activités dans la maison, de la marche, de la danse), des activités appréciées par le passé ou d’autres qu’elle aimerait essayer.
- Parler de tout obstacle qui pourrait empêcher la personne d’augmenter ou de maintenir son niveau d’activité. Une approche progressive sera plus efficace en augmentant la réceptivité et la motivation au changement de la personne (ou de sa famille).
- Options pour les personnes qui ont un niveau fonctionnel élevé (bon) (physique et cognitif).
Evaluer le niveau d’intérêt de la personne pour les exercices et l’activité physique :
- Parler des préférences de la personne pour les exercices comme la danse et la marche qui peuvent soit faire partie de la vie de tous les jours mais également être des activités planifiées (à pratiquer seul ou avec d’autres, lors de certaines activités ou dans certaines circonstances), faire du vélo ou suivre des cours de gymnastique. Les personnes qui ont aimé pratiquer certains exercices par le passé vont plus probablement retourner vers ces derniers.
- Parler des options qui suscitent l’intérêt de la personne et qui s’adaptent à son niveau de fonctionnement
- Identifier la motivation à changer de la personne
- Proposer des activités qui ont une réelle chance d’être mises en œuvre et qui sont accessibles
- Une personne non motivée peut commencer par des « petites avancées », par exemple, marcher plus fréquemment
- Une personne sédentaire peut trouver des bénéfices à discuter des éléments modifiables de sa vie de tous les jours qui sont responsables de son faible niveau d’activité physique
- Une personne qui s’intéresse peu ou pas à la pratique d’exercices peut être désireuse de parler d’autres objectifs et de la façon dont les exercices permettraient de les réaliser.
- Pour une personne motivée, parler de la façon dont les activités physiques peuvent devenir une partie de la routine journalière en plus d’un programme d’entrainement individuel à domicile ou en communauté
- Procurer des informations pratiques sur la façon d’atteindre les objectifs, en tenant compte de l’état de santé de la personne
- Lorsqu’il y a un accord par rapport aux objectifs des exercices, interroger la personne au sujet d’obstacles qui pourraient interférer. Pour chaque obstacle, envisager une solution.
- Donner autant d’informations que possible au sujet de tout programme disponible qui convienne à la personne
- Pour chaque âge, les exercices doivent être entrepris avec prudence afin d’éviter une blessure et des complications. Par conséquent il est nécessaire de collaborer avec le médecin traitant habituel. Il est prudent de tester la personne avant d’entreprendre toute intervention significative avec des exercices
- Les personnes qui désirent et qui sont capables de participer à des programmes d’entrainement au sein d’une structure devraient y être dirigées.
- Dans certaines zones, il existe pour les personnes souffrant de maladies chroniques des programmes spécialement développés qui peuvent être adaptés
- Les membres de la famille ou des bénévoles peuvent assister la personne pour des activités extérieures si elle n’est pas sûre d’elle-même lorsqu’elle marche hors de son domicile.
- Les personnes qui ne désirent pas rejoindre des cours ou des groupes d’activités peuvent suivre des exercices enregistrés sur vidéo.
- développer un programme d’activités physiques comprenant :
- des activités extérieures comme une marche modérée pendant au moins 30 minutes, cinq jours par semaine.
- des exercices musculaires d’intensité progressivement croissante au moins deux jours non consécutifs chaque semaine, par exemple le soulèvement de poids de plus en plus lourds.
- Une combinaison entre des exercices de souplesse et de force.
- Des exercices d’équilibre plusieurs fois par semaine.
- Options pour les personnes qui ont un problème au niveau des performances « AIVQ » et « AVQ ».
Si la personne fait CAP. D’autre part, il faut considérer les éléments suivants :
- Si le déclin est récent, adresser la personne à un kinésithérapeute pour des interventions individualisées.
- Si la douleur représente un problème voir le CAP « Douleur ».
- Si l’équilibre est un problème voir le CAP « Chutes ».
- Si le manque de prise de nourriture est un problème voir le CAP « Nutrition ».
- Référer les malades chroniques prédisposés à des fluctuations de l’état physique ou des exacerbations à un programme de self-management qui permet des adaptations. Plus la personne sera confiante par rapport à la gestion de sa santé, plus son potentiel d’adhésion à un programme d’exercices sera élevé.
- Il est important de reconnaître que même de modestes progrès du niveau d’activité peuvent avoir des bénéfices réels pour les personnes fragiles ou handicapées. Les programmes d’entrainement qui sont trop épuisants ont peu de chance d’être suivis et ils peuvent mettre la santé de la personne en danger immédiat.
- Apporter un feedback et des récompenses si c’est possible.
- Mettre les objectifs par écrit et réaliser une planification afin que la personne, la famille et l’équipe de soins puissent noter les progrès et reconnaître quand une étape intermédiaire a été atteinte.
- Apportez un feedback à la personne et la famille quant aux conséquences dans divers domaines, comme l’équilibre, l’absence de chutes, la mobilité, l’endurance, la douleur, l’humeur et l’atteinte d’objectifs spécifiques.
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Complément
RESSOURCES ADDITIONNELLES
Nelson ME, Rejeski WJ, Blair SN, Dubcan PW, et al. Physical activity and public health in older adults. Recommendations from the American College of Sports Medicine and the American Heart Association. Circulation 2007; 116.
Physical Activity Research Centre
Cancer Prevention Research Centre
Martin JL, Marler MR, Harker JO, Josephson KR, Alessi CA. A Multicomponent Nonpharmacological Intervention Improves Activity Rhythms Among Nursing Home Residents With Disrupted Sleep/Wake Patterns. The Journals of Gerontology Series A: Biological Sciences and Medical Sciences. 1007; 62:67-72.
Heyn P. The effect of a multisensory exercise program on engagement, behavior, and selected physiological indexes in persons with dementia. American Journal of Alzheimer's Disease and Other Dementias; 2003(18,4), 247-251.
Holmberg SK. A walking program for wanderers: volunteer training and development of an evening walker's group. Geriatric Nursing; 1997(18,4): 160-5.
MacRae PG, Asplund LA, Schnelle JF, Ouslander JG, Abrahamse A, Morris C. A walking program for nursing home residents: effects on walk endurance, physical activity, mobility, and quality of life. JAGS; 1996(44,2): 175-80.
AUTEURS
Katherine Berg, PhD, PT
John N. Morris, PhD, MSW