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CAP Maltraitance

Problème - Déclenchement - Recommandations - Complément

Problème


Le CAP "maltraitance" a pour objectif d’identifier les personnes qui se trouvent dans des situations de maltraitance ou de négligence ; il vise également à faciliter la prise de décision d’intervention. Dans certains pays et certaines régions, il est obligatoire de signaler de tels cas à un organisme désigné.

Les mauvais traitements infligés peuvent consister en une action (violence) ou en une omission (négligence). Il peut s’agir d’un acte intentionnel (une tentative consciente d’infliger de la douleur) ou d’un acte non intentionnel attribué à l’ignorance, à une infirmité, à une dépression, au "burn out" ou au manque d’attention de la part d’un soignant.

Les signes de mauvais traitements peuvent être regroupés en quatre groupes :

  • Violence physique : acte consistant à infliger des douleurs ou des blessures physiques, y compris les attentats à la pudeur.
  • Violence psychologique : acte consistant à provoquer des angoisses mentales, y compris l’humiliation et l’intimidation.
  • Négligence : refus ou omission de remplir les obligations en matière de prestation de soins, y compris le refus de donner de la nourriture, prodiguer les services en matière de santé ou l’abandon d’une personne âgée.
  • Abus d’ordre financier : exploitation ou utilisation illégale de fonds ou de biens.

Il est important de réagir à un abus évident. La personne qui est victime d’un abus peut être en danger imminent de subir des blessures ou de présenter d’autres problèmes de santé. En plus, les abus affectent d’autres aspects de la vie, y compris le bien-être psychologique, la participation à la vie sociale et communautaire. Une préoccupation courante, même après l’arrêt des abus, est le risque de voir se développer un état de stress post-traumatique, qui peut inclure de sérieux symptômes psychiatriques tels qu’une dépression sévère et le risque de suicide.

Principaux objectifs de soins
  • Evaluer la capacité de la personne à prendre des décisions au sujet de son état de bien-être et de comprendre les conséquences de ses décisions.
  • Déterminer le niveau de risque de la personne.
  • Déterminer le besoin d’aide immédiat, tel que services sociaux, soins médicaux, avis de la justice pour une mise sous protection.
  • Contrôler les conséquences au niveau de l’état mental de la personne à la suite d’abus.


Déclenchement


Ce CAP identifie des personnes de tout âge qui sont dans une situation de négligence ou d’abus, ou qui présentent un risque significatif de les subir. L’objectif à court terme est de décider si la situation nécessite une action immédiate, alors que l’objectif à moyen ou long terme est de gérer les conséquences psychosociales qui font suite à une histoire d’abus. D’après certaines études, on estime qu’environ un tiers des personnes ciblées (à risque) par ce CAP, n’en feront plus partie 90 jours plus tard. Cependant, un risque persiste que la personne présente, au cours de la vie, une dépression, de l’anxiété et qu’elle ait des problèmes d’ordre social, si les conséquences psychologiques de l’abus ne sont pas prises en charge de manière efficace.

Groupe de personnes à risque très élevé.
Ce groupe inclut les personnes qui présentent les deux critères suivants :

  • Un ou plusieurs des indicateurs d’abus cités ci dessous ont été présents :
    • Crainte d’un membre de la famille, d’un soignant ou d’une connaissance
    • Manque d’hygiène inhabituel, apparence négligée ou désordre vestimentaire
    • Négligence, abus ou maltraitance
  • Deux ou plusieurs des facteurs de stress suivants sont présents :
    • Dépression : score de 3 ou plus au niveau de « l’échelle de dépression » (DRS)
    • Déficit nutritionnel, récente perte substantielle de poids, malnutrition, prise d’un repas une seule fois par jour ou moins, absorption insuffisante de liquides, ou indice de masse corporel inférieur à 19, diminution de la quantité de nourriture ingérée
    • Colère ou conflit avec la famille ou des amis
    • Etat de santé non compatible avec le traitement médicamenteux, instabilité médicale ou mauvais état de santé
    • Cadre résidentiel jugé comme incapable de rencontrer les besoins et nécessitant un déménagement de la personne
    • Soignant en détresse, en colère ou déprimé
    • Isolement social : manque d’activité, réduction des interactions sociales ou expression de solitude.

Environ 2 % à 6 % des personnes (de tout âge) qui reçoivent des soins à domicile et moins de 1 % des personnes qui vivent de façon indépendante au sein de la communauté sont classées dans ce groupe.

Groupe de personnes à risque modéré.
Ce groupe inclut les personnes qui ne présentent que le premier des deux critères cités ci-dessus ; ils présentent un ou plusieurs des indicateurs directs d’abus et n’ont pas deux ou plusieurs des facteurs de stress.

Environ 1 % à 6 % des personnes âgées bénéficiant de soins à domicile et moins de 1 % des personnes âgées qui vivent de façon indépendante sont classés dans ce groupe.

Personnes non à risque.
Ce groupe inclut toutes les autres personnes.


Recommandations


Le comportement est-il abusif ? Pour déterminer si un comportement est abusif, négligeant ou exploiteur, il faut prendre en compte la fréquence, la durée, la sévérité et les conséquences probables des observations qui ont été évaluées. En plus, il faut envisager l’ensemble des circonstances objectives qui entourent le comportement et le point de vue de la personne par rapport à la situation. Considère-t-elle cette situation comme un abus ? Est-elle favorable à une intervention ? Existe-il des facteurs culturels qui font que le comportement est toléré ou que la personne est moins disposée à un changement ?

  • Pour les personnes qui font partie du groupe à « niveau de risque très élevé », il existe une forte probabilité d’abus avec répercussions sur la santé physique ou mentale. Pour ces personnes, envisagez les facteurs suivants :
    • Y a-t-il des antécédents de violence, d’abus, de négligence ou d’exploitation de la part des soignants, y compris de la violence faite à d’autres personnes ?
    • Est-ce qu’un service officiel apporte une aide adéquate et appropriée à la situation ?
    • Les équipes sont-elles conscientes des solutions et des démarches à entreprendre pour solutionner le problème ?
    • La personne devrait-elle être éloignée immédiatement de l’environnement « abusif » ?
    • Est-ce que les soignants / la famille comprennent l’abus et, sont désireux d’essayer de résoudre les problèmes ?
    • Les traitements en cause ont-ils un résultat pour la personne ou pour le soignant ?
    • Y a-t-il des problèmes de santé mentale tels que, la personne est en danger de se blesser ou de blesser quelqu’un d’autre ?
  • Pour les personnes qui font partie du groupe « à risque modéré », vous devez explorer tout risque d’abus ou de négligence. Même s’il existe une suspicion d’abus ou de négligence, cela peut ne pas se vérifier. Il existe de nombreuses situations dans lesquelles un indicateur initial d’abus est expliqué par d’autres raisons. Par exemple, le soignant (ou une autre personne) peut être faussement accusé d’abus parce que la personne a des problèmes de santé mentale. Parfois, une personne ayant des troubles cognitifs peut ne pas se rappeler la cause accidentelle d’une ecchymose. Pour évaluer un abus potentiel sans éléments corroborants, il faut garder à l’esprit toute explication alternative. Cependant, l’évaluation de la situation devrait être aussi complète que possible pour s’assurer que des situations d’abus réelles n’ont pas été écartées par inadvertance. Il faut être particulièrement attentif aux éléments suivants :
    • Le contexte immédiat et à long terme du problème actuel (par exemple, a-t-on des antécédents familiaux d’abus qui durent depuis longtemps ?)
    • Le risque d’abus, de négligence ou d’exploitation (par exemple, quel est le degré de vulnérabilité de la personne ? A-t-on de véritables inégalités de pouvoir entre la personne et le soignant ?)
    • La sévérité et la fréquence des problèmes
    • Le risque immédiat (par exemple, quelle est la probabilité de blessure immédiate pour la personne dans son environnement actuel ?)
    • Les perspectives des soignants (par exemple, le soignant est-il conscient qu’il représente une part du problème)
    • Les facteurs culturels qui peuvent être un obstacle à l’identification ou à la réponse à un abus.
  • Interroger le résidant de façon rassurante. L’entretien devrait être mené avec la personne seule (pas en présence du prétendu ou possible auteur des mauvais traitements), bien qu’il ne soit pas toujours possible de le faire en premier lieu. La confirmation, par la personne, des mauvais traitements, est un élément important pour décider de la nature des actions ultérieures. Lorsque la personne nie un mauvais traitement, vous devez prendre une décision par rapport à sa fiabilité. Demandez à la personne de décrire ses sentiments par rapport à l’événement « abusif ». La personne a-t-elle décrit l’événement comme induisant un sentiment intense de peur ou d’horreur ? Quelle est la réponse de la personne à d’autres événements graves de sa vie ?
  • Examiner l’abus potentiel. Pour décider si l’abus est présent, il est conseillé d’obtenir des informations auprès de services de santé ou de services sociaux professionnels, de proches et des services qui fournissent les soins. Si c’est approprié, un entretien avec la personne que l’on pense être auteur d’abus peut aider à élaborer une stratégie d’intervention efficace. Il faut expliquer au soignant que le processus d’interview comprend des entretiens séparés avec le soignant et la personne. Lors de ces entretiens, il faut évaluer la bonne volonté, la santé, l’état mental et émotionnel et les compétences du soignant.
    Il peut être difficile d’évaluer l’existence d’un abus d’ordre financier en l’absence d’informations détaillées sur les ressources financières, les motifs des dépenses, la culture et les normes familiales. Bien que la nécessité de faire des transactions financières (par exemple, pour les soins de santé, la prescription de médicaments, le chauffage, la nourriture) peuvent amener à des abus financiers, toutes les transactions économiques ne sont pas liées à un abus et toutes les personnes qui sont victimes d’abus d’ordre financier ne sont pas obligées de faire des transactions financières.
  • Traitement. La réponse appropriée aux abus, à la négligence ou à l’exploitation variera en fonction des cas individuels, de la gravité réelle ou potentielle de l’abus et des lois en vigueur dans le pays. Souvent les services sociaux peuvent œuvrer avec le personnel soignant pour réduire ou atténuer les facteurs qui contribuent à un éventuel abus ou à une négligence. Les services d’entretien à domicile et les soins qui permettent à l’aidant de « respirer », peuvent apporter leur aide en permettant au soignant de s’éloigner de la personne pour un moment.
    Les facteurs de stress, chez les personnes qui font partie du groupe ayant « le niveau de risque très élevé », sont très fréquents. Plusieurs sont associés à des CAP déterminés qui devraient être considérés.
    • Environ 2/3 des personnes ciblées ont des problèmes de santé, y compris au niveau des AVQ et des troubles cognitifs.
    • La moitié développe des problèmes tels que l’isolement social, la dépression, l’anxiété, la perte de plaisir, la colère ou un conflit avec la famille.
    • Environ 30 % ont un mauvais état nutritionnel, sont identifiées comme devant déménager, ou ont un soignant habituel en détresse, en colère ou en dépression.

Les CAP correspondant à ces situations devraient être consultés pour aider à résoudre ces problèmes : Relations sociales, Activités sociales, soutien Informel, Humeur, Comportement, Déshydratation, Cognition et Nutrition.

En élaborant un plan de soins, les éléments suivants devraient être listés :

  • La personne court un danger physique immédiat. Si tel est le cas, il faut agir immédiatement. Vous devrez peut être veiller sans tarder à ce que la personne âgée soit retirée de son milieu actuel. Tenez compte de la réaction potentielle de la personne victime d’abus et de la façon dont elle peut réagir à ce déplacement, ainsi qu’à la réaction de l’abuseur.
  • La personne acceptera-t-elle une intervention ?
  • L’auteur d’abus assume-t-il son rôle et va-t-il accepter d’entrer dans un programme thérapeutique ?
  • La situation sera-t-elle améliorée en augmentant l’aide apportée par des services de soins ?
  • Les soignants ont-ils besoin d’une aide psychologique, d’un soutien ou d’un traitement médical pour supporter le fardeau ?
  • Si les allégations s’avèrent non fondées, la personne devra-t-elle bénéficier d’une évaluation ou d’un traitement psychiatrique supplémentaire ?
  • La personne présente-t-elle des symptômes d’un état de stress post-traumatique liés aux abus ? Si tel est le cas, il sera peut être nécessaire de la référer à des soins psychiatriques appropriés.

Suivi et contrôle. Une réévaluation périodique est nécessaire dans tous les cas, spécialement quand l’évidence d’un abus est peu concluante. Même si une personne refuse de l’aide, il peut encore être bénéfique de lui fournir les informations (écrites) avec les numéros des services d’urgence et les références appropriées. Pour les personnes qui ont été mises en évidence par le CAP "Maltraitance" lors d’une évaluation précédente, il est important de contrôler les signes de problèmes de santé mentale même si le CAP n’est plus d’application. Il pourrait y avoir de nouvelles informations qui pourront vous aider à vous assurer de la présence ou de l’absence d’un abus. En plus, vous devriez être vigilant à la récurrence des conditions antérieures ou des facteurs favorisants lors d’épisodes d’abus précédents.


Complément


RESSOURCES ADDITIONNELLES
Ontario Network for the Prevention of Elder Abuse http://www.onpea.org

Clearinghouse on Abuse and Neglect of the Elderly (CANE)

AUTEURS

John N. Morris, PhD, MSW
John P. Hirdes, PhD
  Page Info My Prefs
This particular version was published on 09:13 29-Nov-2019 by ClaireLepère.
 
BelRAI @2007

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